Defeyt : "Pourquoi je réduis mon salaire" : le président du CPAS de Namur répond à son homologue bruxellois Yvan Mayeur.


Philippe Defeyt (Écolo) est le président du Centre public d’action sociale (CPAS) de Namur. Il a annoncé il y a quelques jours sa décision de réduire son salaire de 20 %. Il s’en explique dans les colonnes de La Libre.

Yvan Mayeur (PS), président du CPAS et futur bourgmestre de Bruxelles, estime que, dans le social, on devrait bien gagner sa vie, plus que dans les banques, et que vous commettez "une erreur politique, voire philosophique" en réduisant vos revenus. 
- "Je n’ai toujours pas compris en quoi c’était une erreur. Évidemment qu’il faut se battre pour des salaires corrects dans la fonction publique, mais ce n’est pas une faute politique." 
Pourquoi ? 
- "Tous les CPAS sont entrés ou entrent dans une phase d’austérité budgétaire. Et quand on demande des efforts à son institution, la tête doit montrer l’exemple. On a assez dit, à juste titre, que dans un certain nombre de secteurs où on licenciait, les patrons gardaient leurs bonus. Si on attend la révolution mondiale pour changer les comportements, on risque d’attendre longtemps." 
Les propos de M. Mayeur sont cohérents avec sa politique de rémunération, si l’on se base sur le salaire de la directrice du Samusocial de Bruxelles, Mme Peraita… "En tenant compte des primes, Mme Peraita a un salaire brut de près de 10. 500 euros par mois, et un net de près de 5.000 euros. Si elle devait ramener son salaire brut au niveau de celui du CPAS de Namur, ce qui n’est quand même pas une misère, elle pourrait augmenter, de 100 euros par mois, 30 de ses travailleurs les moins bien payés. Donc même l’argument de Mayeur qui consiste à dire que l’essentiel est de remonter les salaires du social, tombe à l’eau […] À ma connaissance, M. Mayeur a une voiture de fonction, des notes de frais,… Tout ça compte vite. On a besoin de transparence : sur les salaires bruts, les avantages salariaux et les avantages en nature. Et puis, surtout, qu’on arrête le discours sur les responsabilités des gens." 
C’est-à-dire ? 
- "J’en ai marre d’entendre ce discours. Énormément de personnes ont des responsabilités. Une infirmière accoucheuse a au moins autant de responsabilités que de nombreux politiques. Et ses conditions de travail sont au moins aussi stressantes. C’est d’autant plus vrai qu’arrivé à un certain niveau de pouvoir, la vie n’est plus si stressante : on a des collaborateurs qui préparent des notes, on a des gens à son service pour les tracas de la vie quotidienne, un chauffeur qui vous conduit dans les embouteillages… Arrêtons ce discours sur les responsabilités, quand on compare les travailleurs entre eux, et surtout quand on compare les pays entre eux. Qu’est-ce qui justifie que le gouverneur de la Banque Nationale gagne plus que la plupart de ses collègues européens ? Arrêtons ce discours et revenons, surtout à gauche, au sens des réalités et de ce que sont les revenus de l’immense majorité des gens."
(in la DH de ce mercredi 20/11)

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