Quelque 480 000 enfants vivent en Wallonie dans une situation de précarité. : un enfant sur trois sous le seuil de pauvreté...

« On peut renverser la perspective : en venant
en aide aux enfants, on vient à la rescousse de leurs familles. »
"Un dollar investi dans la petite ou la prime enfance en
épargne huit en remédiation"
Le constat a de quoi faire froid dans le dos. Il est chiffré
tout d’abord : quelque 4 80 000 enfants vivent en Wallonie, sous le seuil de
pauvreté. Un enfant sur trois! Et puis cette évolution a priori inattendue : la
pauvreté touche plus les enfants que les adultes. «Pour des raisons
bien simples : ce sont des jeunes ménages qui sont pauvres; beaucoup de jeunes
éprouvent des difficultés à trouver du travail; et, dans la plupart des cas, ce
sont ces jeunes familles qui ont des enfants. Et puis, il y a multiplication de
familles monoparentales», explique Myriam Sommer.
Notre interlocutrice est administratrice du Fonds Houtman dont la mission est de mener des «recherches-actions» en
faveur de l’enfance défavorisée. Et, hier, c’est sur le thème «Pauvretés,
Enfances, Familles» que le Fonds organisait, à Liège, un colloque qui a
rassemblé près de 500 participants.
La pauvreté, pour un adulte, c’est de devoir vivre avec un
maximum de 1000 euros par mois. Pour deux adultes, le seuil se fixe à 1500
euros mensuels. Et, pour chaque enfant, s’y ajoutent 300 euros. «Environ
18,5% des jeunes de moins de 18 ans vivent en situation de pauvreté, alors que,
pour les adultes, la moyenne est de 15%» complète Myriam Sommer.
Mais, dès lors que ces enfants sont inscrits dans des
familles pauvres, requièrent-ils des mesures spécifiques de lutte contre la
pauvreté? En faisant reculer la misère des familles, on devrait dans la foulée
réduire la leur…
«Le raisonnement est exact dans le cadre d’une
parentalité qui fonctionne sur un roulement à billes», nuance Marc
Vainsel, l’administrateur général du Fonds Houtman.
«L’un ne va pas sans l’autre, mais on peut renverser la
perspective : en venant en aide aux enfants, on vient à la rescousse de leurs
familles», complète Myriam Sommer. En soulignant que «dans les
services à l’enfance, peu ne sont pas, ou pas assez accessibles aux enfants des
milieux défavorisés. C’est le cas, notamment, des milieux d’accueil de la
petite enfance».
Une piste d’action immédiate semble se dessiner pour les
décideurs politiques : augmenter le nombre de places dans les milieux
d’accueil. «Mais le colloque a permis de découvrir d’autres démarches,
comme des milieux d’accueil mettent en place une manière d’accompagner des
parents plus défavorisés qui les encouragera à placer leurs enfants dans un
milieu d’accueil».
Il y a par exemple aussi la multiplication des familles
monoparentales, «que la législation prend insuffisamment en compte».
La tâche à accomplir reste immense, mais Myriam Sommer
préfère contempler le chemin parcouru depuis 2010, «l’année de la
pauvreté a bien fait ressortir ce fléau de la pauvreté infantile. Une
prise de conscience s’est effectuée; un Plan national de lutte contre la
pauvreté a été lancé, qui insiste sur les coordinations à assurer entre les
politiques d’emploi, d’accueil, d’aide sociale, de santé». Tout cela a un
coût, «mais il faudrait surtout qu’on se rende compte qu’il s’agit d’un
investissement : au plus tôt on intervient, avec des politiques de
préscolarisation, d’accueil des familles, etc., au plus on évite les problèmes
dans le futur».