Par l’art, on peut sortir de sa coquille, oser se lancer et communiquer ...


À l’aide d’un simple bâton, ils créent un archet de violon, une queue de billard ou encore une batte de golf. Stéphanie, Isabelle et Patrick ont choisi l’atelier théâtre.
Patrick choisit toujours cette activité-là. Il faut dire qu’il est doué. Samedi, c’était séance de mimes. Le voilà boxeur, jusqu’au KO. Il bluffe tout le monde lorsqu’il s’écroule par terre, terrassé par son adversaire imaginaire. «J’aime bien l’improvisation, c’est génial pour moi. J’apprends à m’exprimer, confie ce jeune homme de 34 ans qui a plus d’un tour dans son sac. J’ai découvert plein de choses avec Edith. On a même joué à Namur en mai.»
Au Centre d’Art Différencié Namurois, quatre ateliers sont proposés à des personnes handicapées deux samedis par mois. Dans les locaux de l’école Roger Lazaron, en plein cœur de Namur. Ils ont le choix entre le théâtre, la danse, la peinture et la sculpture.
Ici, le handicap passe au second plan. «On ne leur met pas d’étiquette, on ne connaît parfois même pas leur pathologie, explique Edith Van Malder qui s’occupe de l’atelier théâtre. On travaille avec ce qu’ils sont, leur personnalité. Il n’y a pas d’objectif thérapeutique particulier, même si l’art en soi est thérapeutique». Et le président Benoît Vander Elst, papa de Marjorie, d’ajouter: «Leur jeu est imparfait, mais quand ils font quelque chose, ils y mettent tout leur cœur. Ce qui permet de dégager une sensibilité étonnante.»
Depuis une dizaine d’années, ce centre culturel pour personnes «différentes» accueille une trentaine de jeunes. Un centre créé à la base par Philippe Pirlot et d’autres parents d’enfants handicapés. «Certains jeunes allaient déjà au centre de jour du CREAHM à Liège. L’idée est venue d’organiser des ateliers du même genre sur Namur, mais de façon différente», continue le président.
Ici, c’est principalement le bouche-à-oreille qui fonctionne. José Cordy, l’actuel trésorier, confirme. C’est par hasard qu’il a connu les activités du centre. Depuis, sa fille Stéphanie y vient régulièrement. «Elle adore, elle ne manquerait ça pour rien au monde. Ça lui permet de passer du temps avec des gens comme elle, car, sinon, elle a tendance à se replier sur elle-même.»
Un prix de 1000€
Chaque mois, deux parents ou bénévoles extérieurs sont responsables des journées de stage. Les quatre ateliers artistiques sont, eux, encadrés par des artistes professionnels.
«Ça me fait du bien de venir ici. Je suis content quand je rentre ensuite à la maison» souffle Daniel Vincent, bénévole, qui a préparé le repas pour tout le monde.
Il y a quelques semaines, le CADN a participé à un concours de la banque ING pour tenter de remporter 1 000€. Il fallait récolter un maximum de votes sur Internet pour terminer dans les cinq premiers. Bingo! Une somme qui va permettre à l’ASBL de poursuivre ses projets.
Samedi, Bérengère et Madeleine fêtaient leur anniversaire. Patrick n’a pas hésité à se lever pour souhaiter à ses deux comparses «d’être heureuses», mais aussi pour souhaiter la bienvenue à une nouvelle recrue.
La preuve que par l’art, on peut sortir de sa coquille, oser se lancer et communiquer.

Source: L'avenir du 29-01-14

 

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