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Ecoles: 30% des élèves sont harceleurs ou harcelés (UCL)

Un élève sur trois est concerné par le phénomène du harcèlement scolaire. Nul doute que ce constat chiffré qui ressort d’une étude de l’UCL sera un point central des débats qui animeront le colloque – «Harcèlement à l’école, croisons les regards» – organisé ce mardi et qui fait partie du programme des formations en inter-réseaux. Condensé des principaux constats de l’étude de l’UCL qui est la première à analyser aussi finement le phénomène en Communauté Wallonie-Bruxelles (CWB).
1. «En CWB, il y a très, très peu de données sur le harcèlement scolaire. Parce que le phénomène a justement tendance à se dérouler loin des yeux», pose Benoît Galand, professeur en sciences de l’éducation à l’UCL et auteur de cette étude réalisée entre 2011 et 2013. Une première du genre menée auprès de 6 500 élèves de la 6e primaire et la 3e secondaire. «Parce que les études internationales montrent que c’est là que se présente le pic du phénomène.» En CWB, 30% des élèves sont donc concernés: 15% en tant que victimes, 10% comme auteurs et 5% dans les deux rôles. «Le phénomène est donc important, mais les tendances sont les mêmes dans des pays comme la France, la Suisse, les USA…»
2. Le harcèlement est multiforme: il y a peu de harcèlement purement physique ou purement verbal. «Le harceleur utilise toute la palette mise à sa disposition.» Depuis le harcèlement indirect (salir la réputation, isoler la victime, cacher ses affaires…) jusqu’à l’agression verbale et physique. Et le cyber-harcèlement, notamment via les réseaux sociaux? «Nous avons été clairement étonnés de constater que cela est très peu présent par rapport aux autres formes. C’est juste un “outil” en plus, mais il ne fait qu’amplifier une relation qui tournait déjà mal. Mais on en parle plus, car il est plus difficile à vivre. C’est un harcèlement qui ne s’arrête jamais car il laisse des traces visibles par tous.»
3. Les conséquences? Elles peuvent être durables et graves, montre l’étude. Des dépressions peuvent trouver leur origine dans le harcèlement scolaire qui peut aller jusqu’à pousser à la tentative de suicide.
4. Les outils et acteurs pour contrer le phénomène sont là. «Mais il n’y a pas de politique volontaire et concertée en CWB, note Benoît Galand. Dans les écoles, on reste peu formé et informé. On ne sait pas toujours vers qui se tourner et cela se fait au cas par cas, de manière aléatoire selon l’école. Il n’y a pas encore grand-chose de formalisé. »
 Le colloque d’aujourd’hui sera peut-être l’occasion de corriger le tir.

16% des exclusions scolaires ont pour cause la harcèlement
30 % d’élèves concernés par le harcèlement. En tant que directeur du Contrôle de l’obligation scolaire et de l’Assistance aux établissements, le chiffre vous étonne ?
Non, car nous sommes conscients du phénomène via nos numéros d’assistance qui enregistrent 250 appels par an. Côté enseignants, 45 % des appels concernent le harcèlement dont ils sont témoins et, du côté des appels des parents, c’est 65 %. En outre, sur les 3 500 déclarations d’exclusion scolaire annuelles, 16 % ont pour cause le harcèlement.
L’étude de l’UCL montre que les enseignants sont peu informés des outils mis à leur disposition pour faire face à ce phénomène.
Je n’ai pas cette impression quand je vois le taux d’occupation des 86 médiateurs de la CWB. Le service de médiation existe par ailleurs depuis 1998 déjà. Par contre, peut-être les enseignants n’y font-ils appel que lorsque le problème se pose. Et puis quand il y a un constat de harcèlement cela se règle aussi d’abord au sein de l’équipe éducative et avec les PMS.
Les enseignants sont-ils formés pour détecter le phénomène et y faire face ?
Des formations sont organisées par les réseaux et l’Institut de la formation en cours de carrière. Les médiateurs peuvent aussi participer à des journées pédagogiques.
Mais ne faudrait-il pas intégrer cela dans la formation de base ?
Peut-être bien. Ce n’est sans doute pas le cas au niveau de la formation universitaire, mais les hautes écoles y sont déjà sensibles. Là aussi, les médiateurs et les équipes mobiles sont invités à des séances de formation. Il y a donc une prise de conscience du phénomène à ce niveau aussi.
Source: L'avenir du 12-02-2014

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