La FGTB Namur entame le sinistre compte à rebours provincial
Les exclusions du chômage vont exploser dans moins d’un an.
Nous sommes dans les locaux de la FGTB Namur, à la
rue Dewez. Au rez-de-chaussée, des allocataires sociaux affiliés au
syndicat socialiste patientent dans la salle d’attente. On vient mettre
en ordre son dossier. Quatre étages plus haut, les responsables
syndicaux tiennent une conférence de presse. Commentaire de Guy Fays,
secrétaire régional de la FGTB: «Dans un an, une personne sur sept, que vous avez vue dans cette salle d’attente, ne sera plus là». Et d’ajouter: «C’est
tellement incroyable que nos affiliés n’y croient pas. Ils n’imaginent
pas qu’ils risquent d’être rayés de la liste des bénéficiaires du
chômage. Il y a les jeunes en stage d’attente, mais aussi des personnes
bien plus âgées, de 40 ou 50 ans, qui n’ont pas suffisamment travaillé
dans un régime salarié à temps plein». Au niveau belge et surtout wallon, la FGTB a annoncé un tsunami social, que relayent les responsables namurois du syndicat.
Ici, les commentaires sont aussi amers qu’ailleurs. Même si la
province de Namur sera moins touchée que d’autres, comme le Hainaut ou
Liège. Mais le train des exclusions s’annonce tout de même massif. Et la
colère syndicale est aussi vive qu’en d’autres lieux.
«Le compte à rebours a commencé», dixit Guy Fays, le secrétaire régional. «Cela
fait deux ans que nous interpellons les états majors des partis. Ceux
qui ont signé les accords gouvernementaux font la sourde oreille». Parti socialiste y compris.
Dès lors, la FGTB se lance dans une grande campagne médiatique, avec
des relais dans les régions. Elle informe ses affiliés, espérant attirer
un maximum de monde lors d’une grande journée de mobilisation, le 10
mars prochain. Elle sera organisée un peu partout. La foule dans les
rues de Namur? Guy Fays l’espère car, dit-il, la situation est très
grave: «Pour la première fois dans l’histoire sociale de notre pays,
on va exclure en masse des allocataires sociaux, sur des critères
purement mathématiques».
La FGTB Namur a également envoyé un courrier à tous les bourgmestres et présidents de CPAS de la province (lire par ailleurs), «pour les prévenir que ça arrive. À partir de janvier 2015, on fera la file devant les Centres publics d’action sociale». But du syndicat: que les mesures gouvernementales, qu’elle juge scélérates, soient abandonnées. L’un des enjeux électoraux.
Avis aux CPAS: " Ça arrive!"
La FGTB a transmis une série de chiffres aux pouvoirs
locaux. Car c’est en partie sur leur budget que retomberont les
conséquences des exclusions du chômage.
Les sinistres prévisions du syndicat socialiste se
répartissent entre hommes et femmes. Pour démontrer que les dames
payeront encore davantage l’addition sociale.
«Sur le terrain, il est grand temps de prévenir les communes et CPAS que ça arrive»,
commente Luc Giltay, secrétaire régional adjoint de la FGTB Namur. Car
visiblement, les précédentes mobilisations n’ont pas changé la donne: « En avril dernier, on était dans les rues de Namur pour dénoncer ces mesures».
Or, le durcissement des règles d’accès au chômage aura des conséquences
gravissimes, analysent les syndicalistes. À la mesure d’un changement
radical de société. Selon les responsables syndicaux, «le monde politique reste peu conscient de ce qui va se passer dès janvier 2015».
Sauf si on considère qu’il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne
veut pas voir. Les présidents de CPAS, eux, sont davantage inquiets de
la catastrophe annoncée, commente Luc Giltay: «Ils en sont de plus en
plus conscients. La fédération des présidents de CPAS s’est
dernièrement réunie à Namur, elle a tiré la sonnette d’alarme».
Bien davantageque des revenus d’insertion
Les
chiffres transmis aux pouvoirs locaux sont des estimations, toutes
choses restant égales d’ici le choc annoncé, au début de l’année
prochaine. Ils se confirmeront, sauf si un futur gouvernement fédéral
fait marche arrière. Ou plutôt revient à la raison, du point de vue
syndical. Plus de 700 exclus à Namur, 363 à Sambreville, 156 à Couvin,
135 à Dinant etc. Il faut évidemment évaluer les conséquences en
fonction du nombre d’habitants. Mais proportionnellement, il en coûtera à
chacune des 38 communes de la province de Namur.
Luc Giltay,
secrétaire régional adjoint de la FGTB Namur, explique que les CPAS, en
plus d’attribuer des revenus d’insertion (anciennement minimex), doivent
aussi remplir une mission… d’insertion. Un travail social «complet».
Avec tous les nouveaux dossiers, «certains CPAS vont devoir engager 2, 3, 4 personnes ou plus».
Tout
cela pour appliquer de nouvelles normes idiotes, selon la FGTB. Et
d’ajouter qu’elles ne serviront à rien, sauf à condamner socialement
plus de 3 500 personnes, en province de Namur.
Source: L'avenir du 07-02-14