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Le CPAS n'est pas une voiture-balai: le président du CPAS Philippe Defeyt n'est pas content!


Pas content et inquiet, le président du CPAS de Namur. Les mesures d’austérité, notamment les exclusions du chômage, risquent d’avoir très bientôt un impact sur l’institution sociale. «Et ce n’est pas normal. Le CPAS n’est pas une voiture-balai», insiste Philippe Defeyt (Écolo) qui a peur de voir le nombre de «clients» augmenter d’un coup.
«Les personnes sanctionnées vont se tourner vers le CPAS. Pour la plupart, le revenu d’intégration va s’avérer plus intéressant par rapport aux revenus du chômage. Ce qui risque d’inciter certains à se faire sanctionner volontairement», continue le président. Il cite un exemple: «Un jeune qui habite chez sa maman est considéré comme cohabitant. Avant la sanction, il reçoit 425,36€, pendant la sanction (étant passé sur le CPAS) 559,35€. Après la sanction, le jeune aura droit à 425€ et 144€ de complément de RIS. Je trouve que le message envoyé aux jeunes et à la société est très limite. On a construit un système de redistribution des revenus qui devient illisible.»
Actuellement, les nouvelles mesures se concentrent surtout sur les jeunes chômeurs. «Notamment ceux qui n’auraient pas cherché suffisamment du travail ou ceux qui touchent des allocations depuis trois ans. Pourtant, pour la plupart, ils ont travaillé en partie durant cette période.»
« Il y a un réel danger ! »
L’effet des mesures d’austérité prises en 2012 pourrait se faire sentir d’ici 2015. Et c’est bien cela qui fait réagir le président du CPAS namurois. Financièrement, il va falloir faire face, mais aussi humainement. Chaque employé du Centre public d’action sociale peut gérer correctement par année une centaine de dossiers. «Imaginons qu’une centaine de personnes se tourne vers le CPAS dans les mois qui arrivent, il faudrait une personne supplémentaire pour gérer correctement chaque dossier.»
Outre l’aspect financier, ce qui gêne le président, c’est la façon dont vont être gérées les autres missions du CPAS qui ne sont pas obligatoires, mais non moins essentielles. «Un service comme celui des repas à domicile pourrait en pâtir. Vu que nous sommes obligés de payer les revenus d’intégration, ce sont les autres services d’aide aux personnes qui risquent d’être pénalisés.»
Pour l’instant, aucun service n’est réellement en danger au CPAS de Namur. «Mais si nous devons accueillir 200 ou 300 personnes en plus, cela pourrait avoir un impact. Nous serons donc obligés de réduire la voilure. Pour Namur, la trajectoire budgétaire n’en est pas encore là, mais ça pourrait arriver.»
Philippe Defeyt se pose dès lors d’autres questions. «Pourquoi est-ce au CPAS de couvrir le coût des études des étudiants les plus fragilisés? N’y a-t-il pas un ministère de l’enseignement? Idem pour l’emploi. Il y a un réel danger. On arrive dans une situation où le CPAS est là pour tout!»
Actuellement, le CPAS et le Forem tentent de réfléchir à des solutions préventives pour les jeunes. Pas sûr que cela sera suffisant en cas d’explosion soudaine de la fréquentation du Centre public d’action sociale.

Source: L'avenir du 14-02-2014

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