Marine Le Pen : son ascension n'est pas inexorable ! L'antidote doit être la confiance retrouvée en la politique...
C’est une surprise. Mais pas encore le ressac absolu. Au premier tour des élections départementales françaises, le Front national ne réalise pas l’exploit que lui prêtaient depuis des semaines les instituts de sondage. Il n’est pas, ou plus, comme il le fanfaronnait aux élections européennes de mai dernier, le « premier parti de France ». On ne peut que s’en réjouir. L’ascension qui semblait jusqu’alors inexorable peut être freinée.
Pour autant, l’extrême droite continue de réaliser un score à deux chiffres qui n’autorise pas, très loin de là, à baisser la garde.
Les électeurs français, qui ont voulu adresser un vote sanction au gouvernement, ont compris en majorité que le vote Front national ne pouvait déboucher que sur une impasse. Que son programme était une aberration. Que sa vitrine même cachait une arrière-boutique où des candidats se vautraient encore dans le racisme et l’islamophobie. Ils ont préféré plébisciter la droite dans leur désir d’alternance.
À l’UMP, désormais, de montrer qu’elle est à la hauteur de la responsabilité qui lui a été conférée. Après un premier tour où il a viré en tête, le parti de Nicolas Sarkozy doit tenir la digue avant le second. Il ne peut y avoir d’alliance au niveau local entre la droite et l’extrême droite. Mais il ne peut y avoir non plus de flirt avec ses discours. S’il a décroché son premier succès électoral depuis son retour en politique, l’ex-Président le doit au fait d’être revenu à sa stratégie de 2007. À l’époque, il avait réussi à siphonner les voix du Front national mais au prix d’un extrême durcissement de sa rhétorique. Cette fois, il a placé le communautarisme au cœur de la campagne, en parlant de l’interdiction du voile à l’université ou des repas de substitution au porc dans les cantines scolaires. Gare à ne pas aller trop loin dans la surenchère. Le pays, meurtri, blessé, depuis les attentats de janvier, ne mérite pas qu’on le conduise à la crispation identitaire. Il doit rester rassemblé.
À gauche, Manuel Valls s’enorgueillit d’avoir vu les « formations républicaines tenir leur place ». Le Premier ministre, qui avait dramatisé l’enjeu en répétant que « l’extrême droite est aux portes du pouvoir », veut croire que sa stratégie a porté ses fruits. Mais elle n’est pas, elle non plus, la panacée.
La seule manière durable de faire reculer la tentation du vote extrême n’est pas de faire peur mais de montrer un chemin, donner du sens à l’action, et produire des résultats dans une crise qui s’éternise. L’antidote ne peut pas être seulement la vindicte. Elle doit être la confiance retrouvée en la politique.
(Source : le Soir - Joëlle Meskens - 23 03 2015)
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